IS Canada au Québec: récit de l’an 1

Quelles sont les conditions qui permettent aux innovateurs sociaux de défricher le terrain, d’accélérer l’impact de leurs activités et de faire basculer la posture des institutions et de la société civile en faveur de l’innovation sociale? C’est ce que Social Innovation Canada (SIC) s’est donné comme mandat en misant sur première condition de réussite pour renforcer la capacité du secteur, soit le rapprochement des praticiens de l’innovation sociale au pays. Pour ce faire, le réseau s’appuie sur le travail d’intermédiaires (des “weavers” en anglais) dans différentes régions du Canada, dont Mélanie Bisson, coordonnatrice des relations avec l’écosystème d’innovation sociale à la Maison de l’innovation sociale (MIS).

Immergée dans l’écosystème d’innovation sociale depuis 2013, et soucieuse de structurer son approche sur de solides base, Mélanie s’est d’abord demandé par où commencer pour jouer son rôle adéquatement. Comment prétendre vouloir rapprocher un écosystème local aux nombreux autres qui évoluent à l’échelle du pays, sans avoir validé en amont la volonté du milieu en ce sens ? Après avoir consolidé ses liens avec les autres pôles régionaux, Mélanie a misé sur la multiplication de rencontres bilatérales auprès des acteurs de l’écosystème québécois, pour évaluer leur potentiel d’adhésion envers SI Canada et ainsi mieux préparer le terrain pour la suite des choses.

Ce travail des neufs derniers mois a permis de faire émerger des questions qui mettent en relief toute la pertinence de créer un espace de dialogues et d’échange en dépit de la distance géographique et des identités distinctes des différentes communautés de l’innovation sociale au Canada. Comment raconter l’innovation sociale du Québec à celles et ceux des autres régions et vice versa? Pourquoi? Quelle est la valeur ajoutée d’un tel rapprochement? Comment s’y prendre? Sur quels enjeux tabler?

Lors de ses échanges, les besoins et la volonté d’agir de la communauté se sont vite manifestés! À titre d’exemple, Fabrice Vil, cofondateur et directeur général de Pour 3 Points, un organisme québécois qui transforme les coachs sportifs en coachs de vie auprès de jeunes athlètes en milieux défavorisés, a fait valoir que le Québec lui semblait être un village; un village de huit millions de personnes certes, mais néanmoins quelque peu isolé de par sa langue et sa culture distinctes. Un coup de main pour étendre ses horizons au reste du Canada permettrait à son organisme d’avoir accès à un plus vaste réseau, tout en décuplant la portée potentielle de son modèle auprès d’un plus grand nombre de jeunes.

D’autres se sont penchés sur l’importance des visées de l’innovation sociale et de son impact sur les populations marginalisées, ou sur la nécessité de s’interroger sur notre posture éthique. Certains ont tenu à mettre en relief la complexité et les tensions incontournables — et pourtant essentielles — auxquelles nous devrons faire face pour rassembler la diversité des acteurs autour d’une même problématique et ainsi véritablement générer les transformations systémiques escomptées à l’échelle nationale.

“Il est clair que cette démarche était essentielle pour établir un climat de confiance et d’ouverture, mais aussi pour structurer le travail des prochains mois en fonction des attentes et des besoins de l’écosystème local. La générosité des acteurs et leur ouverture révèlent leur volonté de tabler sur certaines orientations prioritaires” a précisé Mélanie. “Diversifier l’écosystème d’innovation sociale en y incluant celles et ceux actuellement en marge; explorer les opportunités de mettre au centre de la transformation sociale les visions autochtones; construire des dialogues constructifs entre l’innovation sociale qui se déploie au Québec et celle, également très vivante, au Canada… Ce sont là des orientations que nous explorerons plus en profondeur, avec d’autres acteurs, dès le début de 2020”.

 

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